AVANT-PROPOS, En publiant la première partie de son Recueil de Voyages et de Mémoires, la Société de Géographie doit exposer les vues qui caractérisent la nature de cette Collection. Organe de ses intentions, je me trouve heureux de pouvoir dire qu'en répétant ici quelques-unes des idées que j'avais émises, dans diverses propositions relatives à cet objet, je ne fais que résumer l'opinion devenue générale dans une réunion d'hommes aussi distingués. La Géographie embrasse les sujets les plus intéressans et les matières les plus arides. Elle est l'image du globe terrestre, semé de montagnes sauvages et de plaines riantes, partagé en déserts et en pays cultivés. Ici l'imagination et le sentiment éprouvent les émotions les plus vives et les plus douces; là, une froide raison s'ouvre péniblement des routes épineuses, mais non pas toujours ingrates. De là le sort si différent des ouvrages qu'on publie sur la géographie. Si quelquefois les agrémens, réunis au savoir, assurent un succès mérité, plus souvent la multitude prodigue ses suffrages à des productions très-frivoles, tandis que des travaux importans ne trouvent pas même un éditeur, parce que leur nature scientifique n'en promet pas un débit proportionné aux dépenses considérables qu'ils nécessiteraient. Remédier à ces inconvéniens était naturellement un des plus nobles buts de la Société de Géographie. C'est pour protéger, pour |